Le mercredi 3 février 2023, Marie Brevet a animé un webinaire sur les trois règles d'or pour réussir son projet de pathologie numérique. Médecin pathologiste expérimentée, Marie Brevet, MD, PhD a partagé son expertise et ses conseils pour aider les professionnels de la santé à mener à bien leur projet de pathologie numérique.
Le webinaire a attiré un public varié, allant des anapaths aux chefs de projet en passant par des universitaires. Les participants ont pu poser leurs questions en direct et interagir avec Marie Brevet tout au long de la présentation.
Dans cet article, nous allons résumer les points clés du webinaire et fournir des informations utiles pour ceux qui souhaitent se lancer dans un projet de pathologie numérique
I. Les trois règles d'or pour réussir son projet de pathologie numérique
Pour réussir un projet de pathologie numérique, Marie Brevet a identifié trois règles d'or fondamentales. Dans cette partie, nous allons explorer en détail ces trois piliers essentiels pour mener à bien un tel projet :
- Avoir une vision claire et des objectifs précis
- Constituer une équipe multidisciplinaire
- Accompagner le changement.
Règle #1 Avoir une vision claire et des objectifs précis
La première règle d'or pour réussir son projet de pathologie numérique est d'avoir une vision claire et des objectifs précis. Il est important de savoir pourquoi on veut se lancer dans un tel projet et quels sont les bénéfices attendus. Les objectifs peuvent varier en fonction :
- de la structure : organisation publique ou privée,
- du nombre de sites : mono ou multi-sites,
- des défis rencontrés : médicaux et/ou techniques,
- du besoin d'intégration ou non de l'immuno-fluorescence et de la cytologie,
- et de l'utilisation ou non d'algorithmes d'intelligence artificielle.
Marie Brevet a souligné l'importance de définir des objectifs clairs dès le début du projet, car cela permettra de guider les décisions et les actions tout au long du processus. Elle a également conseillé de prendre en compte les besoins et les attentes des différentes parties prenantes, notamment les médecins, les techniciens, les patients et les financeurs.
Règle #2 Constituer une équipe multidisciplinaire
La deuxième règle d'or est de constituer une équipe multidisciplinaire pour mener à bien le projet. Cette équipe doit comprendre des acteurs clés tels que :
- Un responsable de laboratoire
- Un responsable informatique (DSI)
- Une équipe médicale (de préférence deux médecins avec des activités différentes)
- Un chef de projet
Il est important que cette équipe discute ensemble très tôt, avant même le choix des scanners et des logiciels, car le type de scanner a un impact important sur la taille de l'image, qui elle-même a un impact sur les serveurs et les liens internet nécessaires pour faire circuler les images.
Marie Brevet a également souligné l'importance de la communication au sein de l'équipe. Il est essentiel que tous les membres de l'équipe soient informés des avancées du projet et des éventuels problèmes rencontrés. Une communication efficace permettra de résoudre rapidement les problèmes et d'éviter les retards dans la mise en œuvre du projet.
Règle #3 Accompagner le changement
Enfin, la troisième règle d'or est d'accompagner le changement en planifiant, en mettant en place des étapes clés et en pilotant le projet. Il est important de prévoir des comités de pilotage réguliers pour suivre l'avancement du projet et résoudre les problèmes qui surviennent. Il est également important de communiquer efficacement entre tous les acteurs pour que tout le monde soit toujours bien informé de l'avancée du projet.
Marie Brevet a mis en avant le fait que la gestion du changement est un facteur crucial pour la réussite d'un projet de pathologie numérique. Pour cela, il est important de prévoir des formations pour les utilisateurs finaux et de les impliquer dans le processus de décision, tout en prenant en compte leurs retours d'expérience. De plus, il peut être judicieux de s'appuyer sur l'expertise des fournisseurs de SGI et de scanners, qui peuvent aider à structurer le projet et à définir les échéances. Le choix du fournisseur est donc essentiel, non seulement pour la qualité du logiciel, mais aussi pour les services proposés en matière de conseil, d'implémentation, de formation, d'interopérabilité et de maintenance. Un fournisseur qui propose des services dédiés peut aider à maximiser les avantages de la pathologie numérique tout en minimisant les risques et les limites.
II. Les bénéfices de la pathologie numérique
La pathologie numérique est un domaine en pleine expansion qui offre de nombreux avantages pour les professionnels de la santé et les patients. Dans cette partie, nous allons explorer les bénéfices directs et indirects de la pathologie numérique.
Les bénéfices directs
Les bénéfices directs de la pathologie numérique sont nombreux et peuvent avoir un impact significatif sur la qualité des soins. Tout d'abord, la pathologie numérique peut permettre une augmentation d'activité en réduisant le temps de traitement des échantillons. En effet, la numérisation des lames permet une recherche plus rapide et plus efficace, ce qui peut réduire le temps de diagnostic.
En outre, la pathologie numérique peut offrir un gain de temps considérable pour les médecins et les techniciens. La recherche de lames peut être fastidieuse et prendre beaucoup de temps, en particulier dans les grands hôpitaux ou les laboratoires traitant un grand nombre d'échantillons. Comme l'explique Marie Brevet, "la numérisation des lames permet une recherche plus rapide et plus efficace, ce qui peut libérer du temps pour d'autres tâches importantes".
Enfin, la pathologie numérique peut offrir un bénéfice patient en permettant un accès plus rapide au diagnostic. Les patients n'ont plus besoin d'attendre que les échantillons soient transportés physiquement d'un endroit à un autre pour être analysés. Marie Brevet souligne que "les images numériques peuvent être envoyées instantanément à un médecin spécialiste, où qu'il se trouve dans le monde, ce qui peut réduire le temps d'attente pour le patient et améliorer son expérience globale" avec des outils de télépathologie, tels que TeleSlide® Patho.
Les bénéfices indirects
La pathologie numérique peut offrir des avantages indirects aux professionnels de la santé et aux patients. Tout d'abord, la pathologie numérique peut être plus attrayante pour le recrutement de pathologistes. Selon Marie Brevet, "les jeunes médecins sont de plus en plus attirés par les technologies numériques et sont plus susceptibles de choisir un établissement de santé qui utilise des outils numériques avancés".
De plus, la pathologie numérique peut permettre de réaliser des économies. Les coûts de stockage des lames physiques peuvent être élevés, en particulier dans les hôpitaux ou les laboratoires qui traitent un grand nombre d'échantillons. La numérisation des lames peut réduire les coûts de stockage physique et permettre une utilisation plus efficace de l'espace.
Enfin, la pathologie numérique peut offrir des avantages éducationnels et innovants. Les images numériques peuvent être utilisées à des fins éducatives, permettant aux étudiants en médecine et aux médecins en formation de visualiser des échantillons de tissus et d'apprendre de manière plus interactive. De plus, la pathologie numérique peut ouvrir la voie à des innovations telles que l'utilisation de l'intelligence artificielle pour aider à diagnostiquer les maladies.
III. Les limites de la pathologie numérique
Si la pathologie numérique offre de nombreux avantages, il est essentiel d'en reconnaître les limites. Tout d'abord, l'empreinte écologique de la numérisation des lames doit être prise en compte. Les serveurs et les centres de données nécessaires au stockage et au traitement des images numériques peuvent consommer beaucoup d'énergie, ce qui a un impact sur l'environnement. Néanmoins, la pathologie numérique offre également la possibilité de réduire la dépendance des laboratoires à l'égard de l'expédition physique des lames, réduisant ainsi le trafic routier et la pollution.
En outre, les coûts d'investissement initiaux peuvent être élevés, en particulier pour les petites structures. Les scanners, les serveurs et les logiciels nécessaires pour mettre en place un système de pathologie numérique peuvent coûter cher. Cependant, il est important de noter que les économies à long terme peuvent compenser ces coûts initiaux.
Enfin, la pathologie numérique peut nécessiter une formation et une adaptation de la part des professionnels de la santé. Les médecins et les techniciens peuvent avoir besoin de temps pour s'adapter aux nouveaux outils et processus, et une formation adéquate est essentielle pour garantir une transition en douceur vers la pathologie numérique.
En conclusion, le webinaire "Les trois règles d'or pour réussir son projet de pathologie numérique" a mis en lumière les nombreux avantages de la pathologie numérique pour les professionnels de la santé et les patients, tels qu'une augmentation d'activité, un gain de temps, un accès plus rapide au diagnostic, une attractivité accrue pour recruter des pathologistes, des économies à long terme et des avantages éducationnels et innovants. Cependant, il est important de prendre en compte les limites de cette technologie, telles que l'impact écologique, les coûts d'investissement initiaux et la nécessité d'une formation et d'une adaptation de la part des professionnels de la santé.
En suivant les trois règles d'or pour réussir son projet de pathologie numérique, à savoir avoir une vision claire et des objectifs précis, constituer une équipe multidisciplinaire et accompagner le changement, les professionnels de la santé peuvent maximiser les avantages de cette technologie tout en minimisant les risques et les limites. Les conseils pratiques et les informations utiles fournis lors de ce webinaire peuvent aider les professionnels de la santé à mener à bien leur projet de pathologie numérique et à améliorer la qualité des soins.
Sources
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Available at: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2153353923001323?via%3Dihub - How to Go Digital in Pathology. (n.d.). [online] Available at:
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How_to_Go_Digital_in_Pathology.pdf - Cross, S., Furness, P., Igali, L., Snead, D. and Treanor, D. (2018). Best practice recommendations for
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